“La Nuit rebelle”Poemas de Jean Dany Joaquim

Fotografía cortesía del autor

Desde la Revista Trasdemar presentamos una muestra poética de nuestro colaborador Jean Dany Joaquim (Haití) Poeta residente en Boston. Ha publicado cuatro colecciones de poesía. También es autor de cuentos y obras de teatro. Creó el “Proyecto Muchas Voces”, una serie lecturas y talleres de poesía que incluyen conversaciones inspiradoras sobre la igualdad. Es el director de CityNight Reading. Ha participado en diversos festivales internacionales y parte de su obra se encuentra publicada en antologías y revistas literarias. Los poemas que presentamos en Trasdemar se incluyen en varios idiomas, criollo haitiano, francés, inglés y español, traducidos por Tono Arian y por el autor

He visto nacer sueños

He visto mil senderos

Y catedrales

Soy la sombra que ya no busca

Soy el que no llega a tiempo para salir

 

Me llaman el viejo sombrero

JEAN DANY JOAQUIM

L’attente


 
Les bourgeons apparaissent de partout.
Vite, les arbres seront bien feuillés.
La nature est à son rendez-vous.
Quel dommage, l’espoir gît sous les nuées !
 
Les jours passent, le temps traîne ses pieds.
Les rêves glissent dans les souvenirs,
Pour ranimer les gaîtés passées.
Que d’incertitudes pour l’avenir !
 
Pourtant tout a l’air d’être normal,
Les rivières empreintes les mêmes sentiers,
Le soleil au même point cardinal.
 
Cependant d’où vient cette lenteur ?
On sent venir cette brise fraîche,   
Qui peine à trouver son lieu et heure.


La espera


Los brotes aparecen por todas partes.
Rápidamente, los árboles estarán bien frondosos.
La naturaleza llegó a su cita.
¡Qué pena, la esperanza está bajo las nubes!
Los días pasan, el tiempo se alarga.
Los sueños se convierten en recuerdos,
Para revivir alegrías pasadas.
¡Qué incertidumbre para el futuro!
Sin embargo, todo parece ser normal,
Los ríos siguen los mismos caminos,
El sol, en el mismo punto cardinal.
Pero, ¿de dónde viene esta lentitud?
Sentimos la llegada de esta brisa fresca,
Que lucha por encontrar su lugar y su momento.


Offering


I am the poem without words;
I will not be read or said aloud.
I must now stand aside
As I leave the page as an offering.
Come, and come all
To write the collective voice.
Write the redemption poem
With your slogans from the last protests
And whispers of endless nights of prayers.
Write down the paths to follow.
Write your hopeful days.
Write all that is said, all that is heard,
Along with the children’s dreams
With their colors and divergences.
Write the land as it stands;
Let the page be a mirror…
I am the poem without words;
I will not be read or said aloud.
Here, I take my leave.


November 8, 2020


Offrande


Je suis le poème sans paroles;
Je ne serai ni lu ni dit à haute voix.
Je dois présentement me mettre de côté
Ainsi j’offre la page en offrande.
Venez, et venez tous
Pour écrire la voix collective.
Ecrivez le poème de rédemption
Avec vos slogans des dernières manifestations
Et les murmures d’interminables nuits de prières.
Indiquez les marches à suivre.
Écrivez vos jours d’espoir.
Écrivez tout ce qui est dit, tout ce qui est entendu,
Ainsi que les rêves des enfants
Avec leurs couleurs et leurs divergences.
Écrivez la nation telle qu’elle est;
Que la page soit un miroir…
Je suis le poème sans paroles;
Je ne serai ni lu ni dit à haute voix.
Ici, je prends congé.


La maison du poète


Dans ma maison de poète,
J’écris des fleurs.
J’écris la lune.
J’écris le sourire des larmes,
La révolte de l’espoir.
Je m’enivre dans la musique des mots.
Dans ma maison de poète,
Je réinvente ma ville d’exil.
Je promène ses avenues,
Qui lune après lune
Absorbent mon passé…


La casa del poeta


En mi casa de poeta,
Escribo flores.
Escribo la luna.
Escribo la sonrisa de las lágrimas,
La revuelta de la esperanza.
Me emborracho con la música de las palabras.
En mi casa de poeta,
Reinvento mi ciudad de exilio.
Recorro sus avenidas,
Que luna tras luna
Absorben mi pasado…


Train Ride in Brooklyn


The young boy giggled and smiled,
While trying to stand up without holding – His mother smiled.
The young lovers across kissed and smiled,
They thought nobody noticed them.
The schoolboys next to them hid their faces and smiled;
They pretended looking at their shoes.
The train swirled to the left then to the right
Two young women standing in the middle
Almost fell down – They grabbed each other’s arms – They smiled.
The old man reading the newspaper shook his head once more.
The lady across took notice and smiled.
At the next stop, Jesus entered the train car –
A sermon, and promises of miracles.
It was déjà vu all over again….


La saison des enfants
(Pour Jo & Danyson)


La saison des enfants est un poème dans le ventre
La mère dort dans son sommeil de mer tranquille
De soir d’étoiles et de brises endormies.
Mes mains embrassent l’espérance qui s’annonce.
Mon flot de rêves déferle.
Le monde vacille dans ses inquiétudes
Quel soleil illuminera les premiers pas?
Les souffles se mêlent.
Je respire chaque sursaut,
Dans ce silence qui parle pour moi seul.
Je vois des lettres et des chiffres,
Je vois tant de sentiers…
Oh, que j’aimerais arracher le futur aux emprises du destin
Pour que les enfants continuent le poème de la paix!


No Exit
(For Kénelle, Hortense, Tinò & Claudette)


Often times it keeps happening that we forget
Whether we are in this country
Or we have ever left the other one.
Although, deep inside we already know
That the answer does not matter.
It’s a strange heaviness of the heart
Coming from this endless longing
For what we will never be able to state.
It’s almost like life crept on,
Leaving us stranded in this mirage,
Where we fight to keep on breathing
and clinging to whatever memory remains
To make our way.


Almost Perfect


The air is fresh
The sky is blue
Though it’s soon night
Birds are chirping
From tops of trees
I hear a dog
From a distance
Children’s laughter
People’s chatter
A cool wind blows
Continuously
Makes the leaves shake
Keeps the air pure
Sounds of crickets
And more bird sounds
Distant cars pass
Disturb the ambiance
This early night
Of a spring day
Almost perfect
A subtle joy
To make us feel
That all is right
There is no fear
No distancing
No mask to wear
Our world is well
Let us just go
Embrace the night
Brace for tomorrow
No reminder
Of these days
With their dark trails
And many wounds.


Kat Chèz


Anba on bout galeri
Kat chèz chita y ap tan
Kat chèz tou pare
Yo chita san pale
Kat chèz lespwa
K ap tann bouda
Kat chèz kòtakòt
Ki konn fasafas
Kat chèz pote chay
Chay fatig pyepoudre
Kat chèz tretman
Kat chèz kap gade
Lavi k ap file
Kat chèz silans
Kat chèz k ap tann
Pou pann lapawòl
Anba on bout galeri
Kat chèz yo chita, y ap tan


Cuatro Sillas


Cuatro sillas están sentadas
En una terraza, están esperando
Cuatro sillas listas
Sentadas silenciosamente
Cuatro sillas de esperanza
Esperando por potos
Cuatro sillas, una cerca de otra
Que a veces están cara a cara
Cuatro sillas de trabajo
Cansadas de largas caminatas
Cuatro sillas de tratamiento
Cuatro sillas observando
La vida transcurriendo
Cuatro sillas de silencio
Cuatro sillas esperando
Para colgar la palabra


La Nuit rebelle


Et la nuit traîna ses pieds
Et l’enfant toussa et se retourna dans son lit
Et la mère se mordit les lèvres
Le désespoir enveloppa leur demeure
Dehors un calme inquiétant couvrait les amandiers
qui guettaient l’arrivée de la première brise
La rosée en petites bulles de larmes coagulées
se figea sur les brins d’herbe
Le jour avança avec nonchalance
et la mère continua de frissonner
à chaque toux de l’enfant
qui devint trop faible même pour pleurer
 
la gorge de la mère se serra,
ses yeux fixèrent la mince flamme de la lampe qui vacilla et
elle sentit dans le creux de son ventre
la douleur de sa fille en agonie
Dans un dernier élan, comme le noyé
s’agrippant à sa dernière bouffée d’air
La mère enveloppa sa fille
qu’elle prit sur son épaule,
 
et s’enfonça dans la nuit rebelle
qui barra la route au jour
et ses dernières chances d’espoir.
Oh douleur, sacré malheur des humains !
 
Et le jour traîna ses pieds…
Et l’enfant toussa dans le vide…
Et la mère cessa ses prières en serrant son fardeau
Ses pas fendirent le sentier mouillé vers le vain espoir…


La noche rebelde


Y la noche arrastró sus pies…
Y la niña tosió y dió vueltas en su cama
Y la madre se mordió los labios
La desesperanza envolvió su hogar
Fuera una calma inquietante cubrió los almendros
Que acechaban la llegada de la primera brisa
El rocío de pequeñas burbujas de lágrimas coaguladas
Se congeló sobre las briznas de hierba
El día avanzó con indolencia
Y la madre se estremeció de nuevo
A cada golpe de tos de la niña
Que se encontraba demasiado débil incluso para llorar
La garganta de la madre se cerró
Sus ojos se fijaron en la delgada llama de la lámpara que oscilaba
Y sintió en lo Hondo de su vientre
El dolor de su hija agonizando
En un último aliento, como el ahogado
Agarrándose a su última bocanada de aire
La madre estrechó a su hija
La puso sobre su hombro,
Y se hundió en la noche rebelde
Que cerraba el camino al día
Y a sus últimas posibilidades de esperanza
¡Oh dolor, sagrada desdicha de los hombres!
Y el día arrastró sus pies…
Y la niña tosió en el vacío…
Y la madre terminó sus oraciones apretando su carga
Sus pasos abrieron el sendero mojado hacia la vana esperanza…


Le vieux Chapeau


Je suis celui qu’on ne porte plus
Les chiffres de mon âge
Sont perdus à jamais
dans les plis de ma peau
Sous l’usure du soleil et de la pluie
J’ai donné mon ombre sans égards
Et mes pores ont longtemps filtré
angoisses et prières
Avant leur envol vers le ciel
J’ai salué seigneurs et domestiques
Je suis le chapeau de service
J’ai appris le goût du sel
dans la sueur des saisons de dur labeur
J’ai encore dans mes veines
Les refrains des jours d’allégresses
J’ai vu naître des rêves
J’ai vu mille sentiers
Et des cathédrales
Je suis l’ombre qu’on ne cherche plus
Je suis celui qu’on ne prend point pour sorti
On m’appelle le vieux chapeau


El viejo sombrero


Soy el que no lleva nada más
Las cifras de mi edad
Están perdidas como nunca
en los pliegues de mi piel
Bajo el desgaste del sol y de la lluvia
 
He dado mi sombra sin ninguna consideración
Y mis poros han filtrado hace mucho tiempo
angustias y oraciones
Antes de enviarlas hacia el cielo
He saludado a señores y criados
 
Soy el sombrero de servicio
He conocido el gusto de la sal
en el sudor de las temporadas de duro trabajo
Tengo todavía en mis venas
El estribillo de los días de júbilo
 
He visto nacer sueños
He visto mil senderos
Y catedrales
Soy la sombra que ya no busca
Soy el que no llega a tiempo para salir
 
Me llaman el viejo sombrero


Trans: Tono Arian


Les Tétons de la solitude


La nostalgie est cette liane
Qui t’attend dans le couloir
S’agrippe à ton collet
Et serre et serre.
Elle te tord les tripes,
Te vide de tes joies.
Tu deviens pâle et
Tu n’es alors
qu’une carcasse de maux.
La nostalgie est triste.
Elle a peur,
Elle réclame ton âme
pour sa demeure.
Elle fut jadis fleur de soleil
Dans le jardin de vie,
Où elle brilla à côté du camélia,
De la rose noire, et du lilas.
Mais maintenant
Elle a froid aux tétons.


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